Dans le but de faciliter sa vente, j'ai effectué trois parcours de CSO avec Élan, le jeune cheval de Thomas, le dernier moniteur du CEG.

Au cours du mois de juillet, nous avons été contactés par Thomas, alias Norbert le Lampadaire !  Celui-ci voulait nous présenter son jeune cheval de 6 ans, Élan de Tom, qu'il avait fait naître un an avant de travailler avec nous au CEG. Ayant arrêté son métier de moniteur après son bref dépannage à Gournay, reconverti dans le transport longue distance de chevaux, Thomas n'a jamais eu la possibilité d'entraîner lui-même son jeune cheval et, voulant à présent le vendre, il l'avait placé début 2020 dans une petite écurie en « dépôt vente » afin que la cavalière maison puisse lui faire revoir les bases du dressage, l'entraîner sur les barres, le sortir en cycle libre et trouver un acheteur. Les six mois écoulés, il a pensé à Laurène ou à moi pour une courte mission auprès d'Élan afin d'accélérer sa mise en vente. Thomas souhaitait que nous le prenions en main rapidement et que si cela se passait bien, l'une ou l'autre le sorte sur quelques concours d'ici la fin de mon stage, ce qui pourrait ensuite faciliter la recherche d'un acheteur.

Norbert nous a d'abord envoyé une photo d'Élan et sur celle-ci, j'ai remarqué que le cheval présentait un joli modèle. Puis j'ai pu visionner la vidéo récente d'un de ses seuls parcours d'entraînement avec la cavalière et Élan possédait un joli coup de saut.

photo : Thomas

En accord avec Thomas et Marie-Caroline, il a été décidé qu'Élan passerait une dizaine de jours aux Écuries du Val de Bray avant d'engager quelques petits parcours.

Le 31 juillet, nous sommes donc allées chercher Élan dans son écurie au Nord de l'Oise. Dès la première fois que je l'ai vu, j'ai été séduite par le physique de ce jeune cheval. J'ai pensé qu'il présentait une morphologie pour devenir un cheval de concours complet. Ayant récupéré son carnet, je me suis intéressée à ses origines et me suis rendue-compte qu'il possédait une très bonne génétique. Son père est Élan de la Cour, un étalon alezan appartenant à l'IFCE, Champion de Saut d'obstacle, possédant en ISO 173, 4e du Championnat de France des 7 ans, très bon gagnant en GP nationaux sous la selle de Laurent Le Vot (jusqu'à une hauteur de 155), 2e de la Coupe des Nations de Budapest en 2001, 5e en 2002, 3e de la Coupe des Nations de Bratislava en 2001, 4e au CSIO5* de La Baule en 2004, et encore vainqueur de la Coupe des Nations Jeunes Cavaliers à Hagen en 2004 avec Yoann Le Vot, excusez du peu ! 

Elan de la Cour (photo : France Etalon)

Elan de la Cour a, parmi sa production, quatre descendants classés en CSI5* sous la selle de Champions de la trempe de Simon Delestre. Sa mère, Riboular Nellamb, une jument bai, n'a jamais été sortie en concours, est décédée à l'âge de 10 ans et n'a que ce jeune, Élan de Tom, comme production. Mais le père de la jument est Robin II Z, un Hanovrien, monté en saut d'obstacles par le cavalier danois Thomas Velin. 

Le lendemain de l'installation d'Élan à Berneuil, quand Thomas  est venu aux écuries afin de signer le contrat de pension, je lui ai demandé davantage d'informations. Thomas m'a appris qu'il avait découvert sa mère à 3 ans dans un pré et qu'il l'avait acquise pour en faire une poulinière. Celle-ci avait été blessée à l'entraînement et souffrait d'une boiterie mais les vidéos qu'il avait vues de ses sauts en liberté l'avaient convaincu de sa qualité.

photo : Thomas

Sur le caractère du cheval, Thomas m'a assuré de sa gentillesse (que j'avais déjà remarquée au box) et de sa bonne volonté qui pourraient en faire un cheval pratique pour un futur cavalier amateur de CSO, tout en reconnaissant que ses qualités d'allures pourraient également intéresser un cavalier de concours complet.

photos: Thomas

Thomas a réitéré aussi sa volonté de me voir engager rapidement Élan sur des concours, il avait sélectionné tout d'abord une prépa 90 à Quincampoix pour le vendredi suivant puis une autre le dimanche à Démuin, ainsi qu'une épreuve de cycle 1. L'objectif du propriétaire n'était pas que le jeune cheval y réussisse un sans-faute mais sorte en extérieur, découvre des parcours et se routine à l'exercice. Il souhaitait pouvoir le vendre ensuite au plus vite vers le début septembre.

Après une première longe dans le manège de Berneuil, j'ai laissé Marie-Caroline monter Élan pour la première fois et faire le crash test !!  Le lundi suivant, en présence de Thomas, de sa fille Lilas et de sa Maman, j'ai effectué avec Marie une première séance de saut. 

On a travaillé le poulinou toute la semaine, le pauvre chouchou devait se demander où il était tombé !  

A Quincampoix, Mounours avait vu que l'équipe de Laurent y était engagée mais, à priori, ce n'était pas sur les mêmes jours... Dommage, on aurait été heureux de les revoir.

La météo nous a permis de ramener Élan le jeudi soir à la maison pour gagner du temps le lendemain matin : son épreuve était la première... Thomas nous a rejoints à 6h30 pour qu'on puisse partir tous ensemble. Si ma mère et ma sœur étaient déjà venues sur ce site, pour ma part, je le découvrais pour la première fois. 

Arrivés sur place, nous nous sommes dépêchés de faire la reco. Et nous y avons retrouvé... Laurent, Margot (et les filles) ainsi que les Lemoine (Mounours avait mal lu), ça faisait plaisir !  

Le parcours était très facile, ce qui s'était bien pour mon bébé cheval. Il y avait une seule difficulté : une ligne avec six foulées avant un double, oxer, deux foulées, vertical. Ce serait un peu compliqué pour un petit cheval qui manque d'expérience. D'autant plus qu'il y avait la sono à gauche juste à côté qui risquait de faire trop trop peur !

De retour au van, on a vite préparé le petit Élan qui ne paraissait pas plus anxieux que ça. Un bon loulou. 

Quand nous sommes entrés en détente, le jeune garçon s'est demandé où il était (faut dire qu'il n'a jamais dû vraiment travailler au milieu de beaucoup d'autres chevaux)... Il se disait : « mais c'est quoi ?  Qu'est-ce qu'il se passe ici ?  Il y a beaucoup de monde qui fait n'importe quoi !! ». Il s'est stressé un peu mais il restait gentil quand même !  J'ai essayé de le faire avancer, Petit Élan ne comprenait pas trop ce que je voulais, il allait plus vite mais sans tendre ses rênes. Au moment de sauter, à un moment, il est parti à fond la caisse (« C'est peut-être ce que ma cavalière me demande ? ...»). Il s'est emmêlé les pieds et a fait du lance babarre !  Sinon dans l'ensemble, il n'a pas trop mal sauté même si on voyait qu'il n'avait pas l'habitude et que c'était un gros bébé. 

Quand je suis entrée dans la carrière, « whouah, ça fait trop peur ces trucs qui bougent sur le côté ! (les banderoles) Je fais demi-tour et je rentre ! ». Élan s'est pris un petit coup de cravache sur l'épaule. « Non te fâche pas, te fâche pas, j'y vais ». Je suis allée lui montrer la ligne difficile et le faire passer à côté de la sono « qui fait trop trop trop trop peur ! ». Élan s'est approprié la carrière gentiment, il n'était pas ému, par contre, par les soubassements. 

A la sonnerie, je l'ai mis au galop mais, pour commencer, je n'ai pas voulu trop l'envoyer d'entrée. Le 1 a été plutôt bien négocié mais, sur le 2, Élan est venu complètement dans le pied comme il aime bien. Je l'ai relancé pour le 3 car il fallait prendre la foulée en avançant. Il a dû faire un graaand saut !  Sur le 4, il voulait encore en retaper une inutile, je ne l'ai pas laissé faire, du coup il s'est loupé et a touché la barre. Ça l'a vexé, il a sauté un peu trop fort le 5 !  En arrivant sur la ligne, comme les foulées du cheval sont assez grandes quand il tient un bon rythme, j'ai essayé de rentrer un peu plus doucement. Dans la galopade, le poulinou s'est décalé en arrivant à côté de la sono. Il a donc abordé le double sur le côté droit, pour dérober le B.

Comme je ne l'ai pas laissé faire, il n'a pas trop su comment réagir et s'est arrêté dans la combi. Je lui ai dit gentiment que ce n'était pas bien et je suis revenue dessus. Élan a franchi le double, c'était un peu difficile quand même, avec la sono et tout !  Ensuite, le chouchou a cru que c'était fini (avec toutes ces émotions !) mais non !  Il a fait tomber le 8 et le 9 avant de bien terminer sur le 10. Trop long ce parcours !  

En ressortant de la carrière, on n'était pas mécontent de ce premier CSO. 

Avec Élan, on remettait donc ça deux jours après, cette fois à Démuin près d'Amiens, un site où j'étais allée faire une présentation de jeune poney (Balkis) avec Claire (mais nouveau pour Mounours et Laurène qui y sortirait Ultan sur la 110).

On a encore ramené le petit loulou à la maison pour partir direct et Thomas nous a retrouvées sur place de nouveau. Une demi-heure plus tôt. Comme Ultan passait, quant à lui, beaucoup plus tard dans l'après-midi, Pounours et ma sœur nous y rejoindraient au bon moment. Ne pouvant pas travailler Élan lors de la semaine suivante, Thomas récupérerait le poulinou le soir même, pour le mettre dans un club à côté de chez lui. Il repartirait avec une de ses amies cavalières, Sophie, qui faisait aussi la 110.

Les deux tours où Élan était inscrit allaient s'enchaîner. Le parcours de la prépa 90 était encore plus simple que celui de Quincampoix, il n'y avait quasiment pas de contrat de foulées et le double était bien encadré. Quelques petits obstacles regardant, une palanque ou un bidet. C'était un vrai bon concours pour un jeune cheval, comme Thomas l'avait envisagé. 

A la détente, le poulinou a été dedans plus rapidement. Il était plus allant, avec plus de contact. Il m'écoutait davantage dès que je mettais la jambe, rien à voir avec notre première sortie. A l'obstacle pareil, un vrai bonheur. On n'a pas sauté beaucoup, la suite de la compétition serait longue.

Sur le parcours, à la sonnerie, je suis tipar !  Le jeune cheval a été surpris par le 1 et l'a sauté bizarrement. Il est arrivé un peu dans le pied sur le 2 et je l'ai relancé. J'ai pris mon « Élan » pour le 3, bien. Devant le 4, le loulou est repassé au trot en voyant que la foulée ne venait pas bien pour lui. Il a ensuite réaccéléré et c'est passé. L'abord du 5 s'est révélé un peu long, je l'ai encouragé et il y a été un peu fort, en touchant la barre de l'oxer, 4 points mais rien du tout. Il s'est corrigé tout seul en mettant vraiment plus de hauteur sur le 6. C'était plutôt bien. J'ai remis mes jambes avant le double, je l'ai encouragé et, cette fois, il a bien négocié la combi. Et la fin tout aussi super. 

C'était un magnifique second tour, le poulain était beaucoup plus sûr, impliqué dans son parcours et serein. Ça n'avait rien à voir avec son concours de Quincampoix, une très belle progression. Ce n'était pas le même cheval.

En attendant son second parcours (la catégorie suivante), je suis restée en selle. Je me suis rappelé qu'il y avait un petit gué non loin de la piste pour traverser un tout petit cours d'eau. J'y ai dirigé le petit Élan. Quand je lui ai présenté le passage, la première fois, il n'a jamais voulu y entrer et Thomas a dû se mouiller les pieds pour le prendre en main. Élan lui a littéralement sauté dessus !  (enfin juste à côté, juste pour l'éclabousser !). La seconde fois, il y est allé tout seul encore en sautant un peu puis, petit à petit, il y est retourné tranquillement. Première difficulté franchie pour un futur cheval de complet ? Comme un grand !

On a attendu de voir si le tour changerait pour le parcours des Cycles. En fait, quasiment pas : à la place du double, on devait franchir un vertical juste à côté et un double à été rajouté en n°11, en obstacle facultatif juste après l'arrivée. 

La seconde détente a été très limitée pour garder de l'énergie pour le tour. Petit Élan était fort !

Après la sonnerie, le poulinou a été moins surpris par le 1. Du coup, il a « banalisé » le 2 et l'a touché. Pour le suite, il s'est bien appliqué : il a fait attention à l'oxer sur lequel il avait fait faute. Il a tout fait mieux jusqu'à l'arrivée. Pour le double facultatif, je lui ai fait une petite farce en lui demandant de partir un peu de loin sur le A et, du coup, il a shooté la sortie, en allant trop vite dedans. Mais c'était très bien quand même : une seconde fois 4 points officiellement. Une bonne journée.

Élan est vraiment un bon petit cheval. Thomas devrait pouvoir le vendre rapidement. Espérons que Marie-Caroline lui trouve un acheteur pour en faire un cheval de CCE. 

Nous avions une longue pause en attendant que Sophie (qui allait récupérer le petit bai) et Laurène arrivent pour leur 110. Nous avons déjeuné sous le chapiteau pendant la 1m. 

Nos concurrents attendus de la 110 sont arrivés à peu près au même moment. Nous avons eu le temps de faire la connaissance de Sophie. 

Après le tour de Laurène et celui de Sophie, nous avons descendu Élan du van pour qu'elle puisse l'emmener. Thomas pensait laisser au petit cheval une semaine de repos après ce travail intensif que nous avons fait, ce n'était pas une mauvaise idée. Si le jeune cheval n'était pas vendu à la fin du mois, Norbert aimerait que Laurène puisse le sortir à son tour sur une compét, avant de mettre une annonce en septembre. 

#RideForThaïs

photo : Pauline Chevalier sur FB Fondation Thaïs Meheust